Beaucoup de questions au sujet du son du disque, alors suite à vos solicitations, voici un exposé sur le “High Fly” sound.
Je commencerais par préciser que cette album nous est tombé du ciel par le plus pure des hasard.
Au départ, lorsque nous avons enregistrés les 7 titres de Tawny Owls, c’était uniquement dans le but d’avoir des titres enregistrés proprement afin de s’en servir de démo pour pouvoir démarcher les lieu de concert. étant donné mon côté assez perfectionniste, je suppose que je n’aurais jamais osé enregistrer les sessions moi même si j’avais su la finalité de l’histoire (assez belle finalement).
The Tawny Owls session:
Le challenge était de contredire les théories de certains studios spécialisés dans le son 50’s: il n’est heureusement pas primordiale d’utiliser du matos d’époque pour avoir le son Rockabilly.
Ensuite, l’objectif était de recréer l’atmosphère et de se rapprocher le plus possible des enregistrements des studio d’époque.
Pour bien commencer il aurait fallu trouver une pièce appropriée avec des parois alvéolés sur les murs etc... mais bon on fait avec les moyens. Pour cela on utilise tout simplement notre lieu de répétition: une pièce d’environ 25m2 carrelé au sol et des mur en béton. C’est loin d’être l’idéal quand on sais que l’on va devoir enregistrer live (tous les musicos ensemble comme à l’époque) dans une même pièce. Imaginez 25m2 avec chanteur sans retours, une batterie, une gratte électrique, une contrebasse non amplifié pour la circonstance et le tout sans aucunes séparations entre les instruments. Peu importe l’endroit, tout le travail est basé sur l’emplacement des musiciens dans la pièce et le choix des micros. Tout cela peut parfois prendre beaucoup de temps. Le mieux est d’avoir fait des essais au préalable afin de définir quel micro utiliser.
Inutile de jeter l’éponge pensant qu’il faut toute une armada de micros pour pouvoir enregistrer, seulement 1/3 des micros ici ont été utilisés et de plus ce sont les modèles les plus récent:
- Mélodim pour la voix (c’est un micro 50’s de fabrication Française mais il reste bon marché. Nous aurions put en utiliser un autre mais je l’ai choisi pour sa sonorité médium) Il est aussi très bien pour repiquer les amplis
- Shure SM57: pour l’ampli guitare et au besoin pour la batterie. (Ce micro est très répandu dans tous les studios, sur toute les scènes. Il est très accessible et on peut l’utiliser quasiment dans toute les cas de figure.
- Rode NT1: pour la contrebasse. (il fonctionne avec alimentation fantôme, il possède un haut niveau de sortie et à une palette sonore très large
Les autres micros que j’ai essentiellement acheté par la suite:
- Shure 55SH: nous l’utilisons uniquement pour le chant (répète, scène...)
- Shure 55C: vieux micro fonctionnant parfaitement. Au départ je l’ai acheté pour le look car c’est celui que l’on voit sur une photo des Cochran Brother ou chez Sun Records. Il sonne très claire et je ne lui ai encore trouvé aucune utilisation.
-RCA “Varacoustic”: Micro à ruban des années 40 je le trouve fantastique. Il à un beau son très rond et comme légèrement compressé. Il est superbe pour les voix et dans de nombreux autres domaines. On retrouve le type de son de Johnny Burnette ou Cochran. Je l’ai d’ailleurs utilisé pour le titre “Sittin’ in The Balcony”.
-RCA 74B: comme l’autre c’est un micro à ruban. il est très ancien mais tout est en parfait état. Il fonctionne mais sa qualité sonore est en dessous de l’autre alors que ça devrait être l’inverse. Je l’enverrais donc en révision dès que possible afin qu’il retrouve toute ses qualités.
Côté matériel audio:
- Double compresseur à lampe TLAudio (deux canaux séparé): un pour le micro contrebasse et l’autre pour le micro batterie. (je m’en sert aussi lors du mixage).
- Valve processor TLAudio à lampe: que je connecte en directe dans l’enregistreur. On peut brancher ce que l’on veut dessus, mais je m’en sert uniquement pour la voix. il possède une partie compression et une partie égalisation..
- Effet Boss FX700: Je m’en sert uniquement lors du mixage si j’ai besoin d’un peu d’écho ou de reverbe
- Table de mixage Mackie 16 piste.
- Enregistreur numérique 8 pistes Fostex D80
Pour cheminement du son c’est très simple: les 8 premières pistes tranche de la console mackie sont connectés aux 8 entrés de l’enregistreur et les 8 autres pistes (de 9 à 16) concerne uniquement la partie mixage (les 8 sorties du D80 sont branchés dessus). Pour simplifier, les pistes de 1 à 8 concerne l’enregistrement et les pistes de 9 à 16 le mixage ok?
Bon où en étais-je... oui, je disais que la plus grande partie du travail était basé sur l’emplacement des musiciens et des micros dans la pièce et surtout sur les essais. Bon tout semble prêt, et après essai, le Shure SM 57 est placé devant l’ampli en “standby”, le Rode NT1 à mi-hauteur devant le corps de la contrebasse, et le Melodium en face du chanteur qui révise ses textes. Comme je l’ai dit, le micro chant est connecté dans le valve processor. Je monte le niveau jusqu’a qu’il y ai quelques crêtes dans le rouge, le compresseur est réglé de façon à ne pas trop écraser le son mais tout en permettant de calmer les ardeurs du lead singer. J’enclanche aussi la partie égalisation mais uniquement pour colorer le son: (je rajoute des médium de façon à obtenir une sonorité un peu comme les actualités dans les années 50. (mais pas trop non plus car au besoin je pourrais toujours accentuer l’effet lors du mix)).
J’appui sur “Record”, je règle tous les niveaux afin qu’il ne soit pas dans le rouge car les enregistreurs numériques ne supporte pas cette surcharge. ça y est c’est parti pour le premier test. Il suffit d’enregistrer quelques mesures puis d’écouter et corriger en conséquence. A la première écoute, je me rappel que malgré qu’il n’y ai pas de micro sur la batterie, le son était trop brillant et la guitare s’entendait trop (dans tous les micros). Finalement j’ai baissé le son de l’ampli assez bas, et j’ai compensé le manque de crunch et d’agressivité par un léger “tube screamer”. Je n’aimais pas du tout le son que j’entendais mais à l’écoute sur l’enregistrement sa sonnait donc j’ai conservé cette méthode.
Pour “calmer” la brillance de la cymbale nous avons essayé plusieurs chose mais le mieux était un drap qui recouvre toute la cymbale et des chiffons sur la caisse claire. ça faisait vraiment un drôle de son et surtout un drôle de look. Nous avons fait de nombreux test pour obtenir à peu près ce que nous voulions. Si je me rappel bien, Il nous a fallu plusieurs séances avant d’avoir enfin matière à travailler. Lors de l’enregistrement des Tawny Owls j’ai joué sur le Bedrock avec ma Silver Jet équipée de Dynasonic, sauf sur “Linda Lee” où j’ai préféré le micro aiguë de ma 6120 “Cochran” model. Je dois précisé aussi que j’utilisais en même temps mon delay.
Le mixage:
Tout est dans la machine. Je prend mon double compresseur à lampe que j’insert maintenant directement entre les sortie stéréo de la table de mixage et les entrées stéréo du DAT (ou graveur de CD...) Malgré que l’on soit au 21eme je mixe tous les titres en mono.
J’insert au cas où le Valve processor TLAudio sur la piste de la voix. Cela peut me permettre de compresser ou de donner du grain à la voix en fleurtant avec la zone rouge de l’appareille (écoutez la voix sur “Two Timer”).
c’est vraiment lors de cette opération que l’on rajoute les épices et sculpte vraiment le son de chaque morceau à sa manière, d’où l’importance d’avoir à la base un bon enregistrement. Pour “You’re My Baby” et “Come on little mama” j’ai recherché un son mix plus aéré façon “Sun Records” pour ne pas trop m’éloigner de l’esprit de ces morceaux. J’ajoute aussi à chaque fois avec le Boss SX700 du delay sur certaines pistes mais a dosage différent, ce qui de toute façon étant donné le mode de prise de son, s’entendra sur tout le morceau. J’aime bien le delay sur les morceau rockabilly, il contribue au son général mais attention: il ne doit pas gâcher le morceau par son omniprésence. J’utilise aussi un réglage différent pour chaque titre. Par exemple pour “You’re My Baby” et “Come on little mama” j’ai utilisé deux échos mais légèrement décalé l’un par rapport à l’autre car ceci était l’une des caractéristique du “Sun Sound”.
Coup de théâtre: seulement quelques mois après, le mixage à peine terminé, que le groupe décide de se séparer pour chacun vivre des choses plus ou moins intéressante de son côté: Yann (le contrebassiste) rêve d’aller s’installer en Angleterre, Eric (le Gretsch drummer) jouera dans un Rockabilly trio en Suisse John Guster, Michel (the lead singer) trouvera un job en dehors de Lyon et moi... je souhaitais simplement rester jouer tranquillement chez moi avec comme seul lieu de concert: mon canapé ou ma salle de bain...
à suivre...